Issa Tchiroma démissionne : Et si Cabral Libii n’était plus seul à avoir une conscience au Cameroun ?
- Yorani
- 25 juin
- 3 min de lecture

L’histoire politique du Cameroun réserve parfois des surprises dignes d’un roman aux rebondissements soigneusement scénarisés. Le dernier chapitre en date ? La démission théâtrale du ministre Issa Tchiroma Bakary, au service du pouvoir depuis deux décennies, désormais mué en champion de l’intégrité. Oui, vous avez bien lu. À quatre mois de l’élection présidentielle, l’homme fort du régime, fidèle parmi les fidèles, découvre soudainement les vertus de la morale. Et ça, c’est presque beau.
Une démission au parfum de rédemption
« Impératif moral », dit-il. Une expression rare, presque poétique, dans la bouche d’un ministre habitué aux joutes politiques tranchantes et aux volte-face doctrinales. Que s’est-il passé ? Une épiphanie dans son bureau ? Une visite mystique pendant son sommeil ? Ou plus simplement… une conscience politique réveillée à l’approche des urnes. Il s'est rappelé que sa gandoura était double face.
Certains y voient déjà le frisson d’une future candidature. D'autres évoquent une tentative de se repositionner dans un nouveau décor, avec de nouveaux rôles, mais les mêmes ambitions. Mais laissons-lui le bénéfice du doute. Après tout, même les vétérans peuvent redevenir vertueux… quand le vent tourne.
Le monopole de la vertu brisé ?
Jusqu’ici, il faut l’avouer, la vertu semblait avoir élu domicile chez un seul homme sur la scène politique camerounaise : Cabral Libii. Jeune, structuré, cohérent, dérangeant parfois, mais foncièrement animé d’un idéal de transformation, il avait jusqu’ici le monopole des valeurs éthiques affichées sans rougir.
Mais voilà qu’un géant de l’ancien monde, que l’on croyait ancré dans l’éternité gouvernementale, vient défier les équilibres moraux. Faut-il craindre que Cabral ne soit plus seul à incarner l’éthique en politique ? Que d’autres aient compris que, pour séduire l’électorat, il fallait autre chose que des slogans poussiéreux et des fidélités fatiguées ? L’avenir nous le dira.
Un « impératif moral »... ou un instinct de survie électorale ?
Car ne nous y trompons pas : Issa Tchiroma n’en est pas à son coup d’essai. Tour à tour opposant, rallié, porte-parole zélé du régime, président du FSNC, le natif de Garoua a toujours su danser avec le vent. Aujourd’hui, il quitte le gouvernement, la tête haute, sans fracas… mais avec un congrès de parti politique déjà en ligne de mire.
Le timing est parfait, la rhétorique bien huilée, l’image presque soignée. Et si ce n’était plus un coup de communication, mais un coup de maître ?
Et maintenant, on fait quoi ?
La scène est prête. Cabral Libii, toujours droit dans ses bottes, affûte son discours, porte l’espérance d’un renouvellement, incarne un leadership sobre, ferme et responsable. Face à lui, les anciens se reconfigurent, se redéclarent purs, et prétendent eux aussi avoir vu la lumière de l’intégrité.
Alors, peuple camerounais, ouvrez les yeux. Regardez bien les hommes qui se drapent aujourd’hui de probité. Interrogez leurs archives, écoutez leurs silences d’hier, décodez leurs ambitions masquées. La morale n’est pas un costume que l’on enfile à la veille d’une campagne électorale. Elle est un cap constant, un engagement quotidien, un refus des compromissions… même quand elles paient.
Une chose est sûre : l’histoire ne s’écrit plus à huis clos
Cabral n’est plus seul. Tant mieux pour la démocratie, tant mieux pour le débat. Mais que cela ne nous aveugle pas : la crédibilité ne s’improvise pas, elle se construit. Et si certains découvrent soudainement le goût de la morale, que leurs actes, désormais, en soient les garants, pas leurs déclarations.
Le peuple camerounais observe, pense, choisira. Et peut-être, cette fois, il refusera les illusions de dernière minute.
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